par John-John » 27 Fév 2015, 18:32
Vaste sujet qui est soulevé ici. Je pense qu'on peut en discuter des pages et des pages. Mais c'est intéressant.
Je pense que la BD est à part dans l'offre dématérialisée. Cela changera sûrement dans les années à venir, mais pour le moment je n'ai pas l'impression que ça décolle vraiment. Il faut dire que le format ne s'y prête pas. À la rigueur avec des tablettes format BD, mais quand tu as une case sur deux planches, ou pire une double page… Bref, je pense que le papier a encore de l'avenir… dans la BD.
Pour le reste, l'évolution des ventes tend à penser que les livres papier vont disparaître. Il n'y a qu'à voir la presse.
Maintenant concernant le fait de donner gratuitement du dématérialisé mais de faire payer la version papier… Au départ, je pensais que c'était absurde, que personne n'achèterait un produit disponible gratuitement. Et pourtant c'est le cas. J'ai été responsable éditorial dans une maison d'édition (pas de BD) pendant plusieurs années, et j'ai été étonné du comportement des clients (appelons un chat un chat !). Chez nous, tous nos contenus étaient disponibles gratuitement sur le web, sans même qu'aucune inscription ne soit obligatoire. Mais lorsqu'on sortait un de nos contenus en version papier, en général ça fonctionnait très bien. On a vendu des livres qui, pour le milieu, étaient des best-sellers ! Alors certes, on est loin du milieu de la BD, et on avait déjà une audience et une renommée sur le Web, mais toujours est-il que ça marchait vraiment bien. Je dirai donc que la tendance n'est pas forcément celle qu'on croit. Oui, les gens achètent ce qu'ils peuvent avoir gratuitement. Pour différentes raisons : pour soutenir les auteurs, pour avoir le produit physique, parce que c'est plus facile à lire, ajoutez-d-autres-raisons.
Maintenant, soyons honnêtes, ça dépend aussi du moyen de diffusion dont on dispose. Si le seul endroit où acheter le produit est sur son site perso, visité par 50 personnes par mois, c'est clair que les chiffres ne vont pas s'envoler, que le format soit numérique, physique, qu'il y ait eu un teasing avant, etc. Je pense qu'on approche du problème de l'édition classique contre l'auto-édition : lorsqu'on s'auto-édite, comment faire en sorte de toucher un large public ? À mon humble avis, le fond du problème est là, plus que sur le format. Il y aura toujours des gens pour le papier, et d'autres pour le numérique. Mais comment trouver son public ?