Salut Nixco,
apparement c'est ta première expérience en tant que scénariste BD, alors voilà ce que je sais (d'aprés mon expérience personnelle, donc ce n'est pas une vérité légale!)
1/ D'abord d'un point de vue boulot: Je crois que tu es encore dans le "rêve", c'est à dire que quand on commence on sais pas trop comment ça se passe, et on fantasme un peu l'idéal de notre démarche, on se dit des trucs du genre:" Oh ben j'vais tout écrire, rien laisser au hasard, tout finir, comme ça ce sera à prendre ou à laisser".
Ensuite tu t'aperçois que les éditeurs avec qui tu rentres en contact te disent des trucs du genre "Ce serait bien, ça m'interesse mais, ça ne rentre pas tout à fait dans notre ligne éditoriale, il faudrait faire des petites modifs très légères...." Là tu rentres dans l'enfer de "la modif trés légère", ce qui signifie que malgrés que tu aies fait tout le gros du boulot, il te faut retravailler, et aussi tu t'aperçois parfois que la modif très légère usurpe un peu son nom car elle a tendance à se transformer en modif très lourde...et je passe sur le fait que tout ce travail n'est pas rémunéré, alors même si tu te dis on va faire le truc à 75%,
en fait ce n'est pas la quantité qui importe, j'ai vu des gars signer sur 3 planches crayonnées et un synopsis et des fois moins!
Ce qui importe c'est trés exactement ce que tu montres et la qualité de ce que tu montres! le moins y en a, le plus libre tu es! Il faut amener l'éditeur à acheter le projet le plus vite possible de manière à ce que tout travail ultérieur te soit rémunéré.
Ou alors tu bosses quand même, mais tu sais que ce que tu fais n'est pas fini et sera remis à l'épreuve encore et encore.
Ce qui s'appelle l'ecriture gratuite:
"L'ECRITURE GRATUITE c'est lorsqu'un producteur demande à un auteur de développer "gracieusement" un sujet.c'est une pratique aussi injustifiée que répandue. Car malheureusement seuls les grands noms y échappent.
[...]
On constate en effet qu'il est rarissime qu'une production engage un scénariste (à moins qu'elle ne le connaisse ou qu'il soit reconnu) sur un simple argument de 2 pages.
Trés souvent, lorsqu'un auteur présente un projet à un producteur, celui-ci dit:"Trés bien, l'idée est bonne, ça pourrait faire un bon truc, mais on voit mal la structure!"(sur 2 pages, évidemment!).
Ca serait bien que vous développiez un peu plus, qu'on puisse juger si ça vaut le coup. Aprés tout, on ne se connait pas encore trés bien. Si j'aime, j'achète."
Que fait le scénariste? Dans l'espoir d'une longue et fructueuse collaboration, il se met à developper son sujet en refusant de voir qu'il a toutes les chances d'être victime du mirroir aux alouettes. Car fréquemment, l'humeur changeante du producteur ou du diffuseur fait passer le projet à la trappe sans préavis.
La force de l'habitude aidant, les producteurs en sont venus à penser qu'ils peuvent consommer sans payer les idées, les sujets, les synopsis et les ré-écritures. Ils s'étonnent et parfois s'indignent lorsque desscénaristes leur rappellent que toute peine mérite salaire et leur précisent qu'ils ne peuvent pas disposer de leur travail comme bon leur semble avant d'avoir passé un contrat et de les avoir payés.
Mais même s'ils protestent, les producteurs savent bien, qu'ils sont abusifs. Un scénariste réputé confie:"Les rares scénarios que X & moi avons commencé d'écrire en nous fiant uniquement à la parole d'un producteur ont tous finis en eau de boudin avec invectives à la clé au bout de 3 mois. Nous avons dit basta et préféré la réputation d'emmerdeur, finalemet plus lucrative. Car l'idée qu'un producteur vous paiera demain si vous acceptez de travailler gratuitement aujourd'hui est sans doute la blague qui fait le plus rire les producteurs."
Extrait du "Guide pratique du scénariste" editions Dixit
Bon il est vrai que ceci est entièrement consacré au scénario audiovisuel, mais une grande partie est juste aussi pour la BD notamment les chapitres de droits & des contrats.
2/ Sinon d'un point de vue, pratique courante de la BD:
Les auteurs sont rémunérés en droits d'auteurs uniquement. Ces droits se montent à 5% par albumpour les auteurs, pour la 1ere edition, et peuvent se monter jusqu'à 30% pour la 2e, aprés ça ne monte plus. Selon la solidité de l'éditeur, ils peuvent jouir d'une avance sur droits (afin de subsister pendant l'année de labeur qui les attends), cette avance est calculée par le produit du nombre total de planches et leur prix unitaire.
Ce prix unitaire est trés variable en fonction: de l'éditeur et sa structure, de la notoriété des auteurs, de la technique et donc du temps nécessaires à leurs réalisation. Le plus important de la négociation se tient là, pour un débutant si vous arrivez à 1500 Fr/175 € la planche c'est bien. C'est le montant total de la planche il faut compter le scénariste qui touche en moyenne 30% par planche, à ceci se rajoute le coloriste, le lettreur ou tout autre intermédiaire, le reste (le plus gros) va au dessinateur( car c'est lui qui a la plus graosse part à faire, en effet il est plus rapide d'ecrire un scénario de 46pl, que de le dessiner!)
Ce qui fait par exemple pour un album de 46pl qui sera vendu à 10€/65Fr et tiré à 8000 ex. (genre Léo Loden...ou un truc du genre)
ça nous fait 175€x46pl=8050€ total à se partager.
Et pour les droits: (5% de 10€)x8000=4000€ donc l'avance est plus élevée que le montant des droits de la 1er édition.
CETTE AVANCE N'EST PAS REMBOURSABLE! c'est là le 1er risque que prend l'éditeur.
Les auteurs ne toucherons à nouveau de l'argent pour le t1 que lorsque les 8050€ de droits auront été dépassés. (et comme vous l'avez vu, il faut en vendre des albums!)
Donc pour en revenir au début ceci explique que tout se joue dès le premier contact et tout au flan!
Il te faut une matière comme l'or, c'est à dire quelques paillettes seulement mais qui brillent de milles feux. Il ne faut pas en montrer trop (sinon piège réécriture!) et réussir à contaminer ton auditeur/éditeur, plus le gars est enthousiaste, plus l'idée du risque diminuera d'autant. Pour cela il faut être sérieux (pas genre je dis et je fais pas!) être ponctuel à tout rdz-vous, avoir toujours une (seule) longueur d'avance.
Surtout ne pas penser que lire le contrat en entier te fait passer pour un débutant! Leur truc c'est de te faire signer le plus vite, genre en te présentant le contrat à un moment inopportun...une fois qu'ils t'ont donné les contrats rien ne presse, répond leur que tu les lira avec ton agent, et fixe la date de retour. Tant que tu n'as pas signé, tu n'es obligé de rien! Tu peux toujours consulter qui que ce soit, ils n'ont aucun droit sur ton boulot, tu peux même aller voir la concurrence si tu veux! à défaut un agent c'est bien...
Donc en lecture, trés pratique:
Le guide du scénariste, et l'ensemble des receuils des éditions Dixit,
Pour ceux qui l'ignorent il y a aussi la Maison des Auteurs de BD à cette adresse:
http://www.mdabd.com/index.php
avec une page de liens législatifs, et de notices:
http://www.mdabd.com/viewtopic.php?t=186
et un forum, bon c'est vrai que ce n'est pas le site miracle, mais en y cherchant bien ou en discutant, on apprend des choses...