AH AH! Voilà des choses qu'elles sont bien! Sacré débat!
Zacharie a écrit:
Les contraintes de BD dont tu parles sont à mes yeux les outils. Lorsque tu dis qu'une case de BD n'a pas de mouvement, (d'abord ça m'étonne de te part même si c'est pas totalement faux) et puis je pense que la narration et la mise en scène de bon nombre de bd prouve tout l'inverse. Une image figée peut être tout à fait dynamique.
Je n'ai jamais dit qu'une case ne pouvait pas être dynamique, j'ai dit que le mouvement n'existait pas, c'est à dire qu'on peut donner l'illusion ou l'impression d'un mouvement (heureusement, t'imagine sinon?), on peut être expressionniste graphiquement, mais c'est un fait:
le dessin ne bouge pas.
Il est évident que tout l'intérêt de la bd réside dans ces "contraintes", il faut savoir les accepter, et les voir. Ce n'est pas une "fatalité" ou un défaut, c'est juste prendre la mesure précise d'un média. Mieux tu connais ton support, plus pertinent et "virtuose" tu peux être.
D'ailleurs chacun a sa propre réponse à ces contraintes, et c'est encore un des interêts de leur existence.
C'est vrai que j'ai été un peu extrême dans mes propos quant à l'influence du cinéma.
Que certains auteurs (a ton instar) voient leur bd comme un film n'est pas un mal, ni une erreur, parce qu'on a tous une sensibilité différente et un fonctionnement différent. Mais c'est un biais qui est faussement facile, et il faut ensuite une certaine maîtrise, une certaine clarté, et des bagages tant culturel que "techniques", pour ne pas tomber dans le cinéma de papier.
C'est toujours pareil, beaucoup d'auteurs ont des processus que eux seuls maîtrisent (généralement l'aboutissement perpétuel d'années d'expériences) et ces processus ne sont pas forcément "bons" pour les néophytes.
Il faut bien se dire que si Bilal ou Moëbius (je dis n'importe quoi) ont un processus dans lequel ils ont recours au cinéma pour la narration mettons, hé bien il n'en a pas toujours été ainsi peut-être, et que ce qu'ils retirent de ce processus, un débutant ne retira pas la même chose.
Je sais par exemple que toi (Zacharie) tu ecris beaucoup, et que tu possèdes un grand bagage culturel, donc à priori pour toi, ce genre de méthode t'apporte pas mal, et je pense qu'il est relativement facile pour toi d'éviter les pièges qui surviennent avec. Je ne crois pas que ce soit le cas de tout le monde et c'est pourquoi je préfère dire:
"Attention! c'est une methode intéressante mais il y a des risques, vous n'êtes peut-être pas prêts."
C'est plutôt comme ça que je l'entends.
C'est pour ça que je m'efforce de mêler le moins possible le cinéma au processus, et que je ne le fais que pour les castings de personnages, tout en étant conscient du fait que ça ne reste qu'un support à l'imaginaire et non une référence.
Quant à l'effet camera dont parle Zegatt, je dirais que c'est interessant oui, mais une fois de plus, c'est plus pertinent accompagné d'une connaissance du language des plans et de leurs significations. Il m'arrive de voir des planches avec: Plan américain> Plan large> Gros plan. Ce à quoi je dis aïe! ou encore on peut voir parfois des cases avec des perses délirantes, incroyables, en contre-plongée, mais qui n'apportent pas grand chose, perturbent la lecture, et sont complètement absconses au niveau du sens.
Enfin, tout une tartine pour dire: Méfi! Seule la connaissance nous délivre.